dimanche 20 mai 2007

la politique sur pivôt de Nicolas Sarkozy


Après avoir dressé la France qui se lève tôt contre celle qui se couche tard, les bobos contre les wesh wesh, les beaufs hétéros contre les homos séropos, la France qui s'acquitte de ses devoirs contre celle qui s'en dédie, the pppppppprésiddddddd Sarkozy veut rassembler: "Je désunis et je rassemble, je désassemble et je réunis." Quelqu'un peut-il lui dire que les citoyens de ce pays ne sont pas sa pâte à modeler?
Singulier personnage, en effet, que cet individu pour qui, une prise de position ne vaudrait pas plus qu'un linceul de Pénélope. Le vent souffle-t-il à droite qu'il se pointe dans une usine. Le vent souffle à gauche, il brandit son karcher. L'accuse-t-on de vouloir supprimer les acquis sociaux, il fouille les cimetières pour jouer aux osselets avec l'héritage de Blum et de Jaurès. Quand ce n'est pas lors d'un meeting où il donne deux jours à Mai 68 pour déguerpir de l'histoire avant d'annoncer, une fois élu, qu'il veut tenir un "Grenelle de l'environnement". Et dernièrement, son ouverture à "gauche" qui succède à son ouverture à l'extrême droite.
Nicolas Sarkozy vient d'inventer la politique sur pivôt qui s'inspire largement du caractère fugasse de la girouette.
Affirmant ça un jour, il en prétend le contraire le lendemain, sans qu'un cil de journaliste ne frémisse! La politique française selon Sarkozy est un formidable palimpseste, une succession effrénée d'événements où le lendemain s'utilise pour nier la veille.
Mais après avoir séduit les nostalgiques de la France d'après, il faut rassembler. Et donc, après avoir relui les crânes du FN, il se recueille avec humilité sur la stèle des fusillés du bois de Boulogne.
Personnellement, il m'est difficile de l'imaginer "prendre le maquis" avec Guy Moquet. Vous? Je le verrai plutôt en collabo dénonçant d'autres collabos pour gagner les faveurs de la Gestapo et gravir vite les échelons du régime de Vichy.

Celui en qui beaucoup voit un restaurateur de sens et de valeur est, en fait, le premier à les piller en toute liberté sous l'oeil amusé de ses amis journalistes dont la passivité sans faille a été récompensée, une fois sâcré.
Aucun journaliste n'ose qualifier l'UMP de parti d'extrême droite alors que Sarkozy, lui-même, ne s'en prive pas ("je suis à la droite de la droite" a-t-il dit). La rupture, ok, à condition qu'elle ne froisse pas les amis. Lecteurs, lectrices, en 2007, en France, flatter la xénophobie n'est plus répréhensible, c'est la preuve qu'on est "à jour".
Aujourd'hui, La presse s'attelle à faire oublier le putsh idéologique d'hier pour accélérer la résignation du camp adverse. Désolé, je ne m'en remets pas... c'est grave, docteur? Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France et il est des démocraties qui vous foutent la gerbe.