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"La ville s’est "embrasée" du jeudi 27 octobre au soir au lundi 30 au soir. (...) 1. deux jeunes morts (Zyad et Bouna, 17 et 15 ans, du collège n°3) semblent bien avoir été poursuivis par la police, contrairement à ce qu’affirmait la version officielle qui niait toute course-poursuite (version Sarkozy et Parquet). Pourquoi aller dans cette ruelle et escalader une palissade pour se cacher dans un transformateur EDF alors même que leur cité se trouvait non loin du lieu du drame ? 2. Les jeunes, une dizaine, alors qu’ils jouaient au foot, ont fui un contrôle de police car certains n’avaient pas de papiers (entre autres, le troisième électrocuté, Metin, en cours de régularisation). Jamais ils n’ont commis de vol sur un chantier comme le prétendait la version officielle, reprise pourtant par de Villepin jeudi, et qui n’est plus défendue aujourd’hui par personne puisque samedi, le procureur de Bobigny a reconnu à son tour qu’il s’agissait d’un simple contrôle d’identité. D’ailleurs les jeunes garçons interpellés ont été relâchés une heure après leur arrestation, preuve qu’ils n’avaient rien à se reprocher. (…) Metin, gravement brûlé, "ne se souvient de rien" selon la version officielle... Ce silence a-t-il un lien avec son statut juridique ? 3. Des rumeurs de toutes sortes se sont ainsi développées dans la ville : pourquoi ces mensonges policiers ? que cachent-ils ? Des émeutes ont éclaté : spontanées jeudi, elles ont été encadrées vendredi par des "anciens". Les premières cibles sont : la poste (voitures brûlées), les pompiers (un camion caillassé), les abris bus, une école (début d’incendie). Les émeutes de vendredi ont été particulièrement violentes ( coups de feux sur les cars de gendarmes et de CRS, jets de projectiles...). Elles ont eu lieu dans les grandes avenues qui bordent la cité du Chêne pointu (près de la Pama). De très nombreuses voitures ont été brûlées : leurs carcasses calcinées jonchaient les rues encore samedi matin. (…) Samedi soir, au moment de la rupture du jeûne (vers 18h30), les 400 CRS et gendarmes, dont une partie vient de Chalon-sur-Saône, sont sortis un peu partout dans la cité du Chêne pointu. Comme à l’accoutumée, il s’agissait d’encercler - "de boucler" - le quartier. Don quichottisme policier : en cohorte, à la façon des légions romaines, au pas de course, visière baissée, bouclier au bras, et /flashball/ à la main, ils parcourent les rues une à une contre des ennemis invisibles. A cette heure, tout le monde mange et personne ne reste dehors. Pourquoi cette démonstration de force alors même que les rues étaient particulièrement calmes ? "Provocations policières" répondent à l’unisson les habitants interrogés. C’est un leitmotiv depuis vendredi soir. Au bout d’une heure, quelques jeunes sortent et se tiennent face aux policiers : tous attendent le début des affrontements. Quel sens donner à cette stratégie policière à part celui qui consiste à vouloir "marquer son territoire", c’est-à-dire appliquer une version animale et musclée du retour à "l’ordre républicain" ? Plusieurs témoignages et enregistrements sur portable manifestent aussi, de façon indiscutable, la volonté de la police d’en découdre avec les jeunes (insultes racistes, appels au combat, bravades...). Je suis monté aux Bosquets - à la mosquée Bilal- vers 21 heures : elle était pleine à craquer (1200-1300 personnes environ) pour cette nuit du Destin que les fidèles passent traditionnellement à la mosquée. De nombreuses voitures et poubelles ont déjà brûlé et les jeunes venaient se réfugier aux abords de cette enclave en plein milieu de la cité. L’ambiance néanmoins était au recueillement, et les imams, depuis le début, ont joué un rôle important dans la pacification. Samedi soir, en dépit des provocations policières, les affrontements semblaient moins violents. Est-ce l’effet des appels au calme répétés depuis le matin ? Est-ce dû à l’importance rituelle de la nuit du destin en cette période de Ramadan ? 4. Dimanche soir, en guise de témoignage, un coup de fil désespéré et indigné d’Ibrahim, le fils d’un imam, à 20h55 : la police vient, en pleine prière, de gazer la mosquée des Bosquets. Des femmes - dans la salle de prière qui leur est spécialement réservée - se sont presque évanouies, me dit-il. A leur sortie, elles sont insultées par des membres des forces de l’ordre, me rapporte-on : "pute, salope...". Toutes les médiations avec la police s’avèrent impossibles, et ceux qui s’y risquent ont pour toute réponse un "dégage" cinglant et risquent d’être blessés par un /flashball/. Ibrahim me demande de témoigner mais je ne suis pas à Clichy à ce moment-là. Cette nouvelle paraît hallucinante. Comment peut-on attaquer un lieu de culte ? Pourquoi gazer la mosquée alors que les autorités religieuses étaient les seules avec la mairie à pouvoir calmer la situation ? Dès lors l’embrasement total menace, les affrontements reprennent et de nouvelles voitures sont brûlées : les positions se radicalisent d’autant plus que dans la nuit les forces de l’ordre nient avoir utilisé des grenades lacrymogènes contre la mosquée. Le modèle de grenade utilisé contre les fidèles de la mosquée ne correspondrait pas à celui qu’utiliserait la police. Dorénavant, il y a deux affaires : la mort des deux adolescents et l’attaque de la mosquée. Au même moment, Sarkozy à la télévision justifie et défend le déploiement policier à Clichy et prône une nouvelle fois la “tolérance zéro” : (…) 5. Lundi matin, l’ambiance est tendue. A 11 heures, Sarkozy réunit à la préfecture de Bobigny les forces de l’ordre : félicitations et soutien sont les mots d’ordre de la matinée. La version officielle du gazage de la mosquée a subi quelques inflexions durant la nuit. Le modèle de grenade utilisé correspond à celui de la police, mais le doute subsiste : qui peut bien avoir jeté ces grenades dans la mosquée ? Une nouvelle fois, la version officielle ne paraît en rien correspondre à la vérité. À 13 heures, je me rends au Chêne Pointu regarder le journal TV avec un imam et sa famille : le traitement médiatique est au coeur aussi du ressentiment exprimé par beaucoup depuis le début des "émeutes". L’impression qui domine tous les discours ici est que les médias ne sont que les relais des institutions officielles, fussent-elles à l’origine de mensonges, et surtout qu’ils participent à la stigmatisation dont se sentent victimes les habitants de ces quartiers populaires. Pourtant, le ton change : la presse et les chaînes de télévision se font plus critiques. La version officielle et de la mort des deux enfants et du gazage de la mosquée est remise en cause, du moins interrogée. A 14 heures, conférence de presse à la mosquée des Bosquets. Un film, pris grâce à un téléphone portable, fait office de preuve. Il est projeté devant les journalistes nombreux : il donne à voir la panique qui a saisi les fidèles pendant le gazage. Puis les responsables ont pris la parole. Le ton est ferme, l’émotion palpable et les demandes : une enquête judiciaire et des excuses officielles. L’égalité de traitement entre les différents cultes est au cœur des revendications. Monsieur Bouhout, président de la mosquée, proche pourtant de l’UMP, se fait même menaçant quant à sa capacité à pacifier les esprits. Le grand frère de Bouna, devant la presse, annonce qu’il refuse de rencontrer Sarkozy, jugé "incompétent" et demande, avec la famille de Zyad, une entrevue avec le premier ministre. Tous demandent que la police évacue le quartier, condition nécessaire pour retrouver un peu de calme et pacifier la situation. En périphérie de cette conférence de presse, des militant(e)s associatifs reviennent sur les causes socio-économiques des événements trop souvent occultées : Clichy occupe toujours une place de choix dans le palmarès des communes les plus pauvres de France et les associations ont de moins en moins d’argent pour travailler. L’ambiance est tendue à la sortie de la mosquée : des jeunes se renseignent aux abords du lieu du culte. Des femmes racontent ce qu’elles ont vu et subi : au coeur des témoignages, la colère contre la police qui multiplie les interventions "musclées" en dépit du bon sens et, trop souvent, de la loi ; contre les autorités ministérielles qui ne dénoncent pas le gazage de la mosquée dimanche soir. Les autorités religieuses, visiblement abattues et émues par ce qui s’était passé la veille, reprennent peu à peu le contrôle de la situation. Tout le monde attend la soirée avec appréhension. A 19 heures, un accord est trouvé entre des membres de la mosquée et la préfecture : des jeunes sont désignés comme médiateurs pour "calmer" les plus énervés et prévenir les éventuelles échauffourées avec la police. Cette idée n’est pas neuve : c’était une proposition de certains jeunes samedi, mais les autorités préfectorales ne semblaient pas intéressées. Se sentent-elles impuissantes à trouver une solution au conflit ? La méthode dure, qui a prouvé son inefficacité et son iniquité, trouve-t-elle enfin ses limites ? 23h30 : La police et les jeunes jouent au chat et à la souris, mais la situation semble maîtrisée. Sur le terrain, les médiateurs jouent un rôle central me dit-on : ils vont à la rencontre des plus jeunes discuter pour les dissuader de passer à l’acte. J’apprends dans la nuit que le garage de la police municipale de Montfermeil a été brûlé et que les forces de l’ordre ont procédé à quelques interpellations. Les affrontements ont été évités."
Le gouvernement veut remettre à plat la carte hospitalière. Maternités et services chirurgicaux risquent de fermer leurs portes par dizaines. Dans les villes moyennes, la résistance est déjà vive. Faut-il redéployer l'hôpital public ? L'égal accès aux soins sera-t-il garanti ? Explications
Dans l'arrondissement de Clamecy, un vent de fronde a soufflé sur le premier tour des élections cantonales. Dimanche 9 mars, 70 maires ont refusé tout net d'y organiser le scrutin. Ils entendaient par là protester contre la fermeture prochaine de la maternité de cette tranquille bourgade de 5 000 âmes. Ceints de leurs écharpes tricolores, les édiles ont préféré manifester devant l'hôpital avec 2 000 de leurs concitoyens, dénonçant «l'abandon de leur territoire»... La préfecture a dû réquisitionner les mairies pour organiser, tant bien que mal, les cantonales. A Clamecy, on n'avait pas vu pareille insurrection depuis l'historique soulèvement de la ville contre le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 185 1 ! «Les élus ont tenu. Tout le monde était derrière eux, assure Alain Marchet, infirmier et président de la Coordination pour la Défense et la Promotion de la Santé dans le Haut-Nivernais. C'est normal, car notre maternité fonctionne bien. Elle est même citée en exemple pour son réseau de prévention des grossesses à risque. De plus en plus de femmes y accouchent. Leur sécurité et celle de leurs enfants seront-elles mieux assurées quand elles devront faire une heure et demie de route pour aller à Auxerre ou à Nevers ?» Au ministère de la Santé, on répond que l'établissement n'a enregistré que 218 heureux événements l'an dernier, un chiffre inférieur au seuil de 300 parturitions, censé garantir une bonne qualité des soins... «Pour compenser nous allons créer un service d'urgence pour intervenir notamment en cas de naissance difficile ainsi qu'un centre pour prendre soin des mères avant et après l'accouchement», fait-on valoir au cabinet de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Un investissement total de 620 000 euros. Mais ce n'est pas suffisant pour les élus bourguignons qui seront reçus par la ministre la semaine prochaine : ils réclament l'ouverture d'une «maison périnatale» comportant des lits «suite de couches», une activité médicale de consultations et un service d'échographie. «Touche pas à mon hosto !» De toute la France sourd le même cri. A Lannemezan (Hautes-Pyrénées), une maternité a fermé ses portes le 21 janvier pour «insuffisance des effectifs de praticiens». Colère de la population, constituée en comité de défense, et qui a porté l'affaire devant le tribunal administratif. A Granville (Manche), après le déménagement des berceaux (janvier 2007), on s'inquiète de la disparition de la chirurgie orthopédique, qui pourrait sonner le glas de l'hôpital. A Quimperlé (Finistère), l'ablation de la chirurgie viscérale fait craindre le pire. A Belley (Ain), les citoyens unanimes prennent la défense de cinq médecins étrangers menacés d'expulsion, une décision administrative suspectée d'affaiblir un hôpital en sursis... Partout des associations se montent, des pétitions circulent, des manifestations s'organisent. «L'addition des conflits locaux finit par créer un problème national», estime Michel Antony, président de la Coordination nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité. En accusation : le gouvernement, qui ne fait pas mystère de sa volonté de rationaliser le système hospitalier. «Nous avons h nette impression que les suppressions de services s'accélèrent au détriment de régions où l'accès aux soins va devenir de plus en plus difficile», dénonce Christian Paul, député socialiste de la Nièvre, qui, avec 80 parlementaires, a demandé un moratoire sur la fermeture des hôpitaux de proximité.
Fermeture ? «Nous ne fermerons aucun établissement. L'adaptation se fait en continu. Nous n'avons pas de carte ni de plan national», rabâche Roselyne Bachelot, qui a retenu la leçon de la réforme de la carte judiciaire. En supprimant de manière autoritaire 250 tribunaux, Rachida Dati a provoqué un tollé et s'est aliéné son administration. Il s'agit, cette fois, de maîtriser la communication... Sans changer de cap ! Le 18 février, recevant les représentants de la Mutualité française et la Confédération des Syndicats médicaux français, Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté de remettre à plat la carte hospitalière. En décembre 2007, pour préparer le terrain, il a confié à une commission présidée par le sénateur UMP Gérard Larcher le soin de réaliser un état des lieux et d'émettre des propositions en vue du projet de loi de rénovation de la santé, qui doit être discuté au Parlement l'été prochain. «La question de l'organisation territoriale de notre système hospitalier est au coeur de nos préoccupations, mais nous ne sommes pas des géographes. Nous n'allons pas dresser h carte des regroupements et des réorganisations», précise Gérard Larcher, qui rendra sa copie à la mi-avril.
80 000 lits de moins Pour l'heure, point de carte officielle. Mais le récent «Atlas hospitalier et médico-social de la FHF», publié par la très officielle Fédération hospitalière de France (FHF), permet de se faire une idée des établissements qui pourraient être visés. Selon cette étude pionnière et détonante, près de la moitié des établissements de soins hospitaliers publics ou privés - présentent des critères de vulnérabilité. Sur 550 hôpitaux disposant d'un bloc de chirurgie, ce sont 240 établissements, qui pourraient bientôt voir leur existence menacée par une activité insuffisante, source de risques médicaux et de déficits, le vieillissement de leurs équipes médicales ou leur implantation dans une zone géographique faiblement peuplée. «Un patient court plus de risques dans un hôpital qui totalise moins de 4 000 séjours en chirurgie par an et ne dispose donc pas du meilleur plateau technique et des équipes indispensables à la médecine moderne. Pour sauver l'hôpital public, il faut donc le repenser, le réorganiser et le redistribuer sur le territoire», résume Claude Evin, ancien ministre de la Santé du gouvernement Rocard et président de la FHF (lire notre interview p. 13). La tendance n'est pas nouvelle. Cela fait déjà trente ans que l'on liquide des maternités. Leur nombre est passé de 1747 en 1972 à 589 aujourd'hui. Inexorablement, tous les établissements effectuant moins de 300 naissances par an, seuil de sécurité fixé par la ministre Simone Veil en 1994, ont été rayés de la carte. Il n'en reste plus qu'une trentaine, en sursis ... La mise en cause des petits blocs chirurgicaux remonte, elle, au milieu des années 1990. Premières visées, les unités réalisant moins de 1000 interventions par an et réputées dangereuses : 130 ont été supprimées. Un bon début. Mais en 2006 le rapport commandé au professeur Guy Vallancien, ciblant les blocs dont l'activité est inférieure à 2 000 opérations annuelles, a préconisé 113 fermetures supplémentaires. Qui dit mieux ? Depuis mars 2007, un nouveau décret fixant des seuils pour la chirurgie des cancers requiert une activité minimale de 30 opérations par an pour les cancers du sein, digestifs ou thoraciques, 600 traitements annuels pour les centres de radiothérapie et 80 pour les unités de chimiothérapie. A la manoeuvre : les agences régionales d'hospitalisation. Créés en 1996 et placés sous la tutelle du ministère de la Santé, ces services élaborent dans chaque région un schéma régional d'organisation sanitaire (SROS). On en est à concocter la troisième génération (SROS 3 !), et ce sont déjà 80 000 lits d'hospitalisation qui ont été fermés par SROS 1 et SROS 2.
Luttes d'influence et piston La concurrence croissante avec le secteur privé accélère le mouvement. Aiguillonnées par la recherche du profit, les cliniques sont désormais aux mains de puissants fonds d'investissement, qui n'hésitent pas à tailler dans le vif pour ne se consacrer qu'aux spécialités et aux techniques médicales les plus rentables : depuis 1992, 275 adresses de cliniques ont disparu. Une concentration qui rend plus urgent encore l'adaptation de l'hôpital public... Depuis 2004, les règles de financement des deux secteurs convergent, accentuant encore la pression. Naguère financés par des dotations budgétaires globales, les hôpitaux publics sont désormais en partie rémunérés en fonction du volume de soins qu'ils dispensent. Dans le jargon, on parle de tarification à l'activité (TAA) . Objectif : allouer plus de ressources aux établissements productifs. Encore un mauvais point pour les 400 hôpitaux publics de proximité, qui risquent d'afficher des déficits abyssaux. En 2008, la part de la tarification à l'activité doit doubler dans le budget des hôpitaux. «La situation va devenir catastrophique. Il faut faire une étude des conséquences de cette mesure établissement par établissement», a souligné Martin Malvy, président de l'Association des Petites Villes de France. Faut-il vraiment s'alarmer ? La défense des sites et de l'emploi ne répond-elle qu'à des intérêts locaux, voire corporatistes ? «Dès qu'on touche à un service, on est en butte aux syndicats de la fonction publique hospitalière et aux élus qui sont victimes du syndrome «not in my backyard» [pas dans ma cour, ndlr] », explique-t-on au ministère de la Santé. Dans une tradition typiquement gauloise, c'est à celui qui aura le bras le plus long pour empêcher les restructurations... D'où l'incompréhension, le manque de concertation et une certaine brutalité dans les fermetures. N'oublions pas que si les hôpitaux locaux ont si peu d'activité, c'est aussi que les habitants des communes concernées sont les premiers a s en détourner. Une maladie, une opération même bénigne et ils filent directement vers les grands centres régionaux ou universitaires. «Les élus qui manifestent pour sauvegarder leur hôpital se font opérer dans les grands CHU de leur région plutôt que de passer sur le billard dans leur bourgade», grince un membre du cabinet de Roselyne Bachelot. Les mobilisations locales ont, il est vrai, une dimension symbolique. «Fermer une maternité, ça veut dire que l'on ne peut plus naître au pays, que l'on peut seulement y mourir», note Christian Paul. La perte du bloc est, elle aussi, amèrement ressentie : «C'est une question de prestige. On préfère avoir sa salle d'opération qu'un service de gériatrie, pourtant beaucoup plus utile et qui peut même susciter plus d'emplois», explique Gérard Larcher, qui a auditionné des dizaines d'élus et de parlementaires. Remplacer berceaux et tables d'opération par des lits pour personnes âgées : la grande mutation proposée par les technocrates du ministère répond certes au vieillissement en cours de la population française mais elle passe mal dans des collectivités, qui souffrent déjà de ne pas participer à l'essor urbain... Mais les défenseurs des hôpitaux de proximité n'ont pas tout faux. Sur fond de grande déglingue financière de l'hôpital public, ils dénoncent une logique purement comptable. «Aujourd'hui, on ferme une maternité comme Ivry où l'on réalise plus de 2 000 accouchements par an dans une zone urbaine sensible faiblement équipée et en pleine expansion démographique. Où est la logique ? L'Assistance publique veut se débarrasser de toutes les petites unités pour des raisons budgétaires», s'inquiète Françoise Nay, médecin à l'hôpital d'Ivry. Le risque est grand, en effet, de voir apparaître des déserts médicaux. Quand l'hôpital se retire d'une ville, c'est toute la médecine libérale - radiologues et spécialistes en tête - qui déserte. Or les régions les plus rurales souffrent déjà d'un déficit de toubibs et vont être frappées de plein fouet par la pénurie des prochaines années... Pour ne rien arranger, le nombre des dépassements d'honoraires (actes de secteur 2) explosent dans les petites et moyennes villes. C'est là une autre conséquence de la fameuse «tarification à l'activité» qui pousse les hôpitaux à doper leur chiffre d'affaires. Selon une édifiante enquête du magazine «l'Expansion», les chirurgiens de secteur 2 sont déjà en position de monopole ou de quasi-monopole dans 70 villes. Impossible de s'y faire opérer de la prostate ou des varices au tarif de la Sécu ! Dans ce contexte, la France rurale et périurbaine pourrait retrouver de l'intérêt aux hôpitaux de proximité. Un exemple très révélateur : à Saint-Affrique (Aveyron), la mobilisation des habitants a fini par provoquer, il y a trois mois de cela, la réouverture de l'hôpital ! En 2002, la tutelle avait décidé la fusion de la maternité, de la chirurgie et des soins intensifs avec l'hôpital de Millau. Mais les fiers Aveyronnais se sont battus, jusqu'à organiser une grève de la faim... Un protocole a fini par être signé. Le service de chirurgie viscérale a rouvert. Ainsi que la maternité. «Pour assurer h proximité des soins dans notre milieu rural, où il faut parfois une heure pour faire 30 kilomètres en voiture, il n'y avait pas d'autres solutions. Contrairement à ce que croient les géographes hors-sol du ministère de la Santé, la population de Saint-Affrique augmente. Et nous ne pourrions pas envisager de développement sans l'hôpital», souligne Alain Fauconnier, maire de la ville.
Solutions à la carte Adapter le système de santé au plus près des besoins de chaque collectivité, voilà le défi. Pour le relever, le ministère de la Santé compte sur la création d'«agences régionales de santé» destinées à remplacer les agences régionales de l'hospitalisation. Lancées dès 2009 et dotées d'une forte autonomie politique et financière, ces nouvelles entités devront concevoir une offre de soins impliquant les hôpitaux publics, les cliniques privées et la médecine de ville. «Il faut faire coopérer tous ces acteurs qui dépendent du financement de h Sécurité sociale et qui devront passer des accords. Les missions de service public n'ont pas vocation à rester le seul domaine de l'hôpital sauf à h condamner au déclin», explique le sénateur Gérard Larcher. A l'étude : le partage des personnels, la création de filières de soins, le développement de l'hospitalisation à domicile... Pour lutter contre la désertification médicale, le gouvernement compte beaucoup sur ses «maisons pluridisciplinaires de santé», un cabinet collectif rassemblant infirmiers, médecins, kinés et radiologues, soutenus par l'Etat et les collectivités locales. Dans les contrées pauvres en toubibs, une centaine de ces nouvelles structures pourraient ouvrir leurs portes. Une manière de faire oublier la reculade de Nicolas Sarkozy sur l'installation des médecins à la campagne ? L'automne dernier, face à la grève des internes, le gouvernement avait enterré son projet coercitif de restrictions financières appliquées aux praticiens qui, diplôme en poche, s'établissent en masse dans les centres urbains et le sud de la France. Réformer, disent-ils...
Sylvain Courage, Le Nouvel Obs, 21 mars 2008
Le Vicompte de Kouchner à la barre du Grand Jury d'RTL (extraits)
Kouchner:"La diplomatie française ne prend pas ses ordres à Washington." Sur le Moyen Orient: BK: - (...) Que la menace pèse sur Israël, une menace permanente, surtout après les déclarations iraniennes, cela me parait évident... qu'Israël veuille assurer sa sécurité, ça a toujours été la politique de la France que de vouloir, en même temps qu'elle voulait un état palestinien, la sécurité d'Israël (...) Juré A: "Vous vous êtes rendus également au Liban et pendant que vous étiez au Liban vous avez dit que vous espériez qu'il n'y aura pas de troubles trop grands avant l'échéance présidentielle qui devrait avoir lieu avant le 24 novembre prochain... s'il y avait des troubles, ils viendraient peut-être de la Syrie, c'est ce que vous redoutez?" BK: "Oui. De la Syrie... et de l'Iran mais l'Iran me parait moins belliqueux éventuellement, et j'espère me tromper, que la Syrie et nous avons trés clairement mis en garde les syriens (...)
"La démarche diplomatique française, la démarche politique est la recherche de la paix, éviter qu'il n'y ait plus d'embrasement qu'il y en a et qu'il y en aurait éventuellement, donc l'Irak c'était ça, nous avons été contre l'opération militaire américaine en Iraq, eh bien, tournons la page, elle a eu lieu, d'ailleurs avec la permission du Conseil de Sécurité des Nations Unies (...) Ce qu'il faut, cette recherche et j'espère que ça débouchera sur quelque chose, c'est écouter les iraquiens, le gouvernement iraquien, ne pas réclamer le départ, bien sûr, ca serait mieux qu'il y ait un calendrier de retrait mais le président Bush vient d'en proposer un, partiel. Les américains sont là, il faut se servir de leur présence pour former plus encore et plus nombreuse l'armée iraquienne et réformer la police qui est corrompue à un point inimaginable (...) J'ai demandé à mes partenaires européens, les 27 qui étaient réunis à Porto il n'y a pas longtemps (...) je leur ai demandé de visiter, d'aller écouter l'Irak et de voir ensemble comment on pourrait aider les Nations Unis à sortir, certes les américains d'affaire, mais surtout les iraquiens, c'est ce qu'ils veulent et rien que de les visiter, je m'en suis rendu compte, c'était une porte ouverte, on les laissait pas seuls dans une situation qui était presque bloquée. Voilà! Et les américains ont apprécié cette démarche, je vous rappelle que nous ne sommes pas passés par les américains, que nous n'avons rien demandé aux américains, que nous ne sommes pas passés par les américains, que la diplomatie française ne prend pas ses ordres à Washington. Juré B: "Est-ce qu'il y a un changement de cap de la politique française en Iran quand la diplomatie française semble évoquer des sanctions qui ne seraient pas dans le cadre de l'ONU? Est-ce que c'est un alignement sur Washington? BK: "Non, au contraire, vous savez qu'il n'y a pas eu d'alignement sur Washington dans cette affaire... ce sont les européens qui, au contraire, les français, les anglais, et les allemands qui ont proposé à la Chine, à la Russie et aux américains de se joindre à cette négociation qui, pour l'Europe, a été menée largement par Javier Solana. Non, il n'y a pas d'alignement du tout, nous pensons maintenant puisqu'il ne semble pas trés convainquant que ce soit une étape trés positive que la proposition faite à l'Agence de l'Energie Nucléaire avec Mr Mohammed El Baradei qui va aller se rendre compte de l'évolution ce qui s'est passé au moment où ils enrichissaient secrètement ou préparaient secrètement. Alors ça a l'air d'être une ouverture parce qu'on dit: "Venez voir ce qu'on a fait!", mais dans la réalité, l'exigence de la communauté internationale est simple, il faut cesser l'enrichissement d'uranium (...) Eh oui! En effet, nous avons décidé pendant que la négociation se poursuit et qu'elle doit s'amplifier, de nous préparer à des sanctions éventuelles qui seraient en dehors de l'ONU qui seraient des sanctions européennes. Nos amis allemands l'ont proposés, nous en avons parlés, il y a quelques jours, nous verrons (...) Nous ne voulons pas que la bombe, une fois fabriquée, combien de temps, je ne sais pas, certains disent en neuf mois, d'autres en deux ans, c'est un vrai danger pour l'ensemble du monde et nous voudrions signifier que nous ne l'accepterons pas. Nous négocierons jusqu'au bout et en même temps, nous devons nous préparer, et de la meilleure façon, pour montrer que nous sommes sérieux et que nous n'acceptons pas cette menace d'une bombe atomique... de plus dans un endroit du monde si dangereux où en effet l'Iran en Irak fait ce qu'elle veut et ça a été un des gros dangers pour les armées américaines et surtout pour les iraquiens qui l'acceptent et le refusent à la fois donc c'est une situation... on peut pas trouver plus grande crise que celle-là au monde pour le moment. Juré C: "Qu'est ce que veut dire: il faut en même temps se préparer?" BK:"- Mais ça veut dire qu'il faut se préparer au pire, c'est à dire... Juré C:" - C'est à dire... c'est quoi se préparer au pire? BK:" - Mais le pire, c'est la guerre, Monsieur! Juré C: "- Et on se prépare comment? BK:" - Ben on se prépare en essayant de mettre des plans au point qui sont l'apanage des Etats Majors mais ça, c'est pas pour demain... mais on se prépare en disant nous n'accepterons pas que cette bombe soit construite, suspendez l'enrichissement de l'uranium et on vous montre que nous sommes sérieux en proposant, ça n'est pas fait pour le moment, nous y travaillons pour le moment, rien n'est fait, il n'y a pas eu de résolutions, mais nous proposons que des sanctions plus efficaces soient éventuellement mises au point. (...) nous ne voulons pas signifier autre chose que vous avez intérêt à la paix, et nous aussi, et nous le ferons au maximum. Juré B:" - Est ce que vous excluez que, d'ici à la fin de son mandat, l'administration Bush soit tentée par un règlement militaire de cette affaire, voire certains de ces alliés comme Israël, on a évoqué tout à l'heure ce bombardement dont on ne sait pas quelle est la signification. - On en connait la signification, ce serait de bombarder les zones d'enrichissement nucléaire mais enfin honnêtement, je ne crois pas que nous en soyons là, pas du tout en tous cas, je l'espère et aucun signe ne nous permet de penser, en dehors des préparations militaires qui existent et c'est la fonction des militaires y compris de nos excellents militaires, voyons! Juré B:"- Nos militaires se préparent à... BK:"- Il est normal qu'on fasse des plans. (...) Que les Etats-majors s'y préparent, c'est bien, l'armée française n'est pas, pour le moment, associée à aucune manoeuvre que ce soit...
Sur la libération des infirmieres: (...) Et quand après on a découvert que le fils du guide disait qu'elles étaient innocentes, nous avons été un peu surpris, ça nous a pas étonné, nous les pensions innocentes. Mais là, il y a eu une espèce d'acrimonie, d'alacrité, de mauvaises démarches qui a consisté à dire: "Qu'est-ce que vous leur avez donné en échange?" Eh bien, on ne leur a rien donné en échange... ou presque rien! Juré A: "- Dans un ouvrage que vous avez publié en 2006, "Deux ou trois choses que je sais de nous", (...) vous dénoncez à deux reprises Kadhafi comme un dictateur, question: "Est-ce que la libération des prisonniers rend ce dictateur fréquentable?" Deuxièmement, tout à l'heure vous avez dit "presque rien" en échange, pourquoi est-ce que les responsables français n'ont pas été plus clairs sur ce "presque rien" qui touche à la fois au nucléaire et aux armements? BK: "-Oui ce qui a changé, ce n'est pas ma vision dans ce livre mais il a été pendant trés longtemps un dictateur, Khadafi et depuis 2003, ce qui a changé c'est qu'il a jeté aux orties son équipement d'armes de destruction massive et qu'il a accepté par des voies pacifiques de rejoindre la communauté internationale et tout a changé, pas l'attitude de la France, l'attitude de l'ensemble des pays, y compris les Etats Unis, qui lui en voulaient beaucoup et qui, vous vous en souvenez, l'avait bombardé par l'intermédiaire des avions de Mr Reagan. Donc oui, ça a changé et nous devons nous en féliciter! Un homme qui, ayant ce passé extrêmement discutable, l'auteur du petit livre vert que j'ai détesté on ne peut plus, donc un des tenants de, si j'ose dire, l'obscurantisme, en tous cas de la violence à l'égard de son propre peuple, redevient un Monsieur fréquentable. Mais ce n'est pas parce qu'il avait à libérer les otages que nous avons changé... depuis plusieurs années, nous changions à son égard, les demandes étaient prises en compte. Nous avons vendu, pas nous la France, nous en avons trés peu vendu mais l'ensemble des pays démocratiques ont vendu, en particulier, des armes à Mr Khadafi. Presque rien, j'ai dit, presque rien...
La lettre de Guy Moquet à sa famille
"Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, Je vais mourir !
Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino (NDLR, ses "frères" de combat). Quant au véritable, je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge, qui, je l'escompte, sera fier de les porter un jour. A toi, petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme. 17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin (Jean-Pierre Timbaud), Michels (Charles Michels). Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je vous embrasse de tout mon coeur d'enfant. Courage!
Votre Guy qui vous aime"
La lettre de Guy Moquet à Odette Nilès
"Ma petite Odette,
Je vais mourir avec mes 26 camarades, nous sommes courageux. Ce que je regrette est de n'avoir pas eu ce que tu m'as promis.
Mille grosses caresses de ton camarade qui t'aime,
Guy.
Grosses bises à Marie et à toutes.
Mon dernier salut à Roger, Rino, (la famille) et Jean Mercier."
La promesse d'Odette à Guy Môquet était un baiser, un baiser d'amour.
Un gendarme remettra le billet à Odette Nilès. Emprisonnée, elle parviendra à s'évader trois ans plus tard. Actuellement Odette Nilès est présidente de l’Amicale de Châteaubriant.
4 Février 2003. Un jour comme un autre en France où chacun vaque à ses occupations. Et pourtant, à Toulouse “la rose”, le nouveau ministre de l’intérieur rend visite à ses troupes. Il a un message bien précis à leur délivrer en face des caméras…
22/08/05: Le groupe Bouygues Construction a des raisons de se réjouir. Martin Bouygues, parrain du fils de Sarko (et témoin à son mariage) vient de recevoir 140 millions d'Euros pour la construction de trois prisons. Entre construire du mitard Bouygues et développer une police de proximité, fallait-il hésiter?Si ce négoce avait une quelconque ressemblance avec un conflit d'intérêt, ceci serait totalement fortuit.
"Je ne donne pas cher de leur peau."
27/11/05, Livry Gargan: Une dizaine de jeunes reviennent d’un foot. 1 voiture de police arrive pour effectuer 1 controle d’identité. Certains parmi ces jeunes n’ont pas leurs papiers. Ils flippent, s’enfuient dans tous les sens. Quelques minutes plus tard, trois d’entres eux escaladent l'enceinte de trois mètres qui abrite la centrale EDF de Clichy ss Bois. 1 policier radio-signale à ses pairs qu’il les spote grimpant au mur surplombé de barbelés. Il ajoute:"Je ne donne pas cher de leur peau."18h12, une coupure de courant plonge dans le noir les communes avoisinantes. Tout le monde la remarque, personne ne soupçonne ce qu’elle annonce: La mort par éléctrocution de deux adolescents. Muttin, le 3ème, s'en sortira, grièvement blessé.
Au lendemain de la tragédie, le ministre de l'intérieur, en déplacement en Lorraine, déclare à la presse: "Lors d'une tentative de cambriolage, lorsque la police est arrivée, un certain nombre de jeunes sont partis en courant. Trois d'entre eux, qui n'étaient pas poursuivis physiquement, sont allés se cacher en escaladant un mur d'enceinte de trois mètres de haut qui abritait un transformateur. Il semble que deux d'entre eux se soient électrocutés."
Morts pour rien - Zyad et Bouna
Pendant trois mois, chaque matin, les français se réveilleront en apprenant le nombre de voitures, de bâtiments incendiés dans la nuit. Aucun pays au monde n'avait connu cela. Les djeuns dénoncent les injustices et la politique d'isolation du ministre de l'intérieur. Ils demandent sa démission. Mais le chef de l'état et son premier ministre tiennent fermes.
27/12/05: Cités de non droit contre société de non droit
12 juillet 2005 : Sarkozy part en repérage. Flanqué de sa cohorte de paparazzis, le ministre de l’intérieur fait une nouvelle sortie dans une téci. Face caméra, il réconforte les victimes, leur promet vengeance et réparations, s’improvise ange gardien, pose en justicier providentiel. Puis il poursuit son nouveau numéro de séduction électorale en vitupérant des menaces à ces "racailles". Imitant Shwarzenneger, quand il briguait Sacramento, il bombe ses compétences de technicien de surface.Et puis, le cabot repart suivi de son traineau médiatique vers ses lambris dorés de la Place Beauvau, laissant à leur cité, ces habitants qui continueront de se lever chaque matin devant la tour d’en face qui leur dit à quel point ce pays les dégueule. Ils passeront tous les jours, devant les mêmes véhicules de CRS amarrés dans leur cité, les mêmes squelettes d’assos de quartier, ils subiront les énièmes contrôles de police, les mêmes culpabilisations d’habiter dans ces complexes en béton qui finit par leur couler dans les baskets.C’est dans ce contexte d’exaspération que la mort de deux gamins à Clichy ss Bois a reveillé le spectre de la bavure et mis le feu aux poudres.Les djeuns se rebellent, les CRS font corps et puis une bombe lacrymo est balancée dans une mosquée à l’heure de la prière. Nouveau moyen de transmettre aux membres d’une communauté qu’on veut les extraire de leur corps identitaire. Nouveau moyen de leur dire qu’on les vomit.Nouvelle œillade du candidat Sarkozy à l’électorat FN.Et depuis bientôt un mois, la France se réveille avec la gueule de bois:Sur les virées verbales du staracadémicien Nicolas, les djeuns surenchérissent : Grills de voitures, d’écoles, de bus, de bibliothèques. A chacun son narcissisme, à chacun son language. Les djeuns s’attaquent à tout ce qui représente les institutions françaises, ils travaillent à tout ce qui leur permet de les dépasser, d’éprouver un certain pouvoir, un sentiment d’existence miroité par les médias.Pendant ce temps, dans la République des Droits de l’homme, les cabinets de recrutement ont des consignes jeunistes et xénophobes. Quant aux boites de commerce ou dans les mises en orbite d’élites (ENA, Polytechnique), le pourcentage de français d’origine immigrée est presque nul.Ce front de l’enseignement supérieur et du marché de l’emploi contre ces habitants de zones prioritaires fait des hautes sphères de la société, des zones de non droit. En réalité, s’il y a si peu de français d’origine maghrébine ou africaine aux orchestres de la société française, c’est qu’il y a, à coté d’une obsession eugéniste et purificatrice chez certains, une angoisse, chez beaucoup, de voir le pays devenir 'halal.Et en s’attaquant à l’économie parallèle des "sous-français" de téci, Sarko affirme sa détermination à drainer les revenus de tous les intermittents des réseaux de cités. Eau et gaz à tous les étages! Il veut voir tous les marchands de sable à genoux, agonisants, exsangues dans leurs ghettos pour qu’ils se rebellent et lui donnent, par le biais d’une répression, une nouvelle opportunité de se présenter comme le garant suprême de l’ordre national et servir ses salivations présidentielles.
Après les attentats de Londres, on avait bien vu, avec la montée du niveau d’alerte, ses provocations adressées aux terroristes et son soi-disant coup de filet annoncé avant qu'il ait eu lieu, que Sarkozy a envie d’attentats. Cela lui permettrait de garder le crachoir jusqu’aux présidentielles.Ce champion de la démagogie et du populisme a capté les warnings de peur que les français ne cessent d’envoyer à leurs gouvernements successifs. Il a compris leur besoin de Fuhrer, de Duce. D’ailleurs, on ne voit que ça depuis quelques temps : la bonne vieille éducation à la papa, la nostalgie des coups de règles sur les doigts comme si la méthode "coup de pied au cul" devenait la panacé pour secourir une jeunesse en mal de projets, de désirs et d’identité. C’est dans ce contexte d’age de pierre pédagogique, qu’un père fouettard comme Sarkozy vient à point pour répondre aux illusions du Nanard de base.Pas de doutes, il y a de la graine de Bush dans cet homme là ! S’il devenait chef de la France, il ferait, lui aussi, la guerre à la terreur, ce qui permettrait de détourner l’attention des français sur la peau de chagrin de leur pouvoir d’achat. Et il serait trés possible que l’armée française s’implique en Irak au moment ou tout le monde s’en retire, ou en Iran, faisant de la France, une cible prioritaire pour les terroristes...Souvenons-nous de son mantra favori qu'il nous ressert ici et là: "Il n’y a pas de raisons pour ne pas respecter un pays (les USA) qui est toujours resté aux cotés de la France dans ses moments difficiles."Et finalement, qui nous dit que ces djeuns, qui appréhendent ce qui ne leur ressemble pas, ne s’attaqueront pas, demain, aux citoyens lamda qu'ils tiendront pour adverses, dans les métros, dans les rues ? Quand on peut aussi facilement bruler des caisses, pénétrer dans un commissariat et l’occuper, brûler 26 bus dans un entrepôt du Val d’Oise, que doit-on redouter? En voulant s’attaquer à l’insécurité frontalement, Sarkozy a rendu le pays encore plus insécurisé.
Le coût de l'écoute
200 millions d'Euros en dégats matériels plus tard, le gouvernement décide de réinjecter du pez dans les assos de quartier. Et le 8 février 2007, les deux policiers impliqués dans la course-poursuite sont mis en exam pour non assistance à personne en danger.